Débat

soirée-débat « le maraîchage urbain, une solution d’avenir réaliste ? »

Une soirée-débat sur le thème « le maraîchage urbain, une solution d’avenir réaliste ? » était organisée par Croissy Autrement le 25 septembre 2020, avec les témoignages d’Eric Joly, créateur du Jardin sur l’île à Bougival et d’Hélène Salzgeber, présidente de l’association les amis des jardins croissillons.

Témoignage d’Eric Joly
Eric est au départ horticulteur. Sa démarche a d’abord consisté à se former en passant un diplôme d’état en maraîchage et en suivant des stages de permaculture à la ferme du Bec Hélouin auprès de Perrine et Charles Hervé-Gruyer.
Eric s’intéresse aux multiples initiatives qui fleurissent en région parisienne et il candidate à un appel à projet lancé en 2017 par la Mairie de Bougival. Ce qui lui semble intéressant c’est l’opportunité de reconvertir un terrain de football en micro-ferme maraîchère : au projet de création d’une activité économique de production agricole s’ajoute l’enjeu sociétal de démontrer la capacité de la permaculture à reconvertir un terrain devenu infertile et à créer une micro-ferme productive et viable sur un terrain de la taille modeste d’un stade de foot, soit 6000 m2.
Le terrain de foot est fait de remblais et d’un substrat drainant de terre et de sable. Il ne contient plus de matière organique ni de vie. L’analyse du terrain montre qu’aucun ver de terre ne s’y trouve.
La première étape consiste à couvrir le terrain d’une épaisse couche de fumier, dix bennes en provenance de clubs hippiques de Maisons Laffitte. Constat, le fumier se trouve facilement dans la région et il faut le valoriser. Cela permet dès l’hiver 2018 de certifier par Ecocert la ferme en agriculture biologique, dès sa première année d’exploitation. Les premières récoltes ont lieu en 2019.

Cette première étape a été aussi l’occasion de fédérer autour de ce projet, notamment les membres de l’AMAP de Bougival constituée à la même époque.
La ferme trouve aujourd’hui ses débouchés en livrant des paniers à l’AMAP, les restaurateurs, le marché de Bougival, une coop solidaire au Chesnay… Elle réalise une vente directe chaque mercredi à 18h00 sur l’île de la Chaussée. Elle projette de fournir les cantines.
Cette année, la ferme a installé deux tunnels pour pouvoir produire durant l’hiver. Son objectif est de produire de façon bio-intensive, d’être économiquement viable et de rémunérer décemment les trois maraîchers qui sont nécessaires pour conduire l’exploitation du terrain. La ferme sur l’île est une entreprise constituée en EARL, elle reçoit le concours de bonnes volontés bénévoles mais ne perçoit aucune aide ni subvention. Elle n’est pas éligible aux subventions de la PAC, du fait de règles de subventions « à l’hectare ». Les micro-fermes qui produisent en permaculture de façon intensive et biologiques ne correspondent pas au modèle conventionnel de la PAC qui pousse les agriculteurs vers une course à la taille et vers des pratiques mécanisées.
La vie est revenue spontanément et rapidement. Les vers de terre sont maintenant nombreux, ainsi que tous les autres insectes, la biodiversité est revenue.

« l’idée de la permaculture : partager l’abondance ».

Le maraîchage en permaculture est un métier qui mobilise beaucoup d’intelligence. C’est ce qui fait l’intérêt de ce métier. Il requiert la planification des cultures sur l’année et des assolements sur plusieurs années. C’est un métier qui a une obligation de résultat. Il s’agit d’honorer ses clients et de générer des revenus. Il est inscrit dans la réalité économique. Il est relié à son écosystème. La ferme sur l’île a des relations avec ses voisins et la commune de Bougival pour utiliser leurs composts. Elle a accès au forage Vieljeux. L’accès à l’eau est essentiel, le meilleur engrais des légumes cela reste l’eau. Elle mobilise le volontariat et elle a accueilli deux stagiaires cet été.

La ferme sur l’île a aussi un objectif pédagogique. Elle veut démontrer l’enjeu de l’agriculture urbaine qui concilie la production biologique et l’approvisionnement local. Il y a un enjeu à instruire les décideurs politiques et économiques et le public. Ainsi, les PLU pourraient davantage prévoir des réserves foncières destinées à l’activité économique maraîchère. L’exemple de la Ferme sur l’île montre qu’un terrain de 6000m2 abimés peut être reconverti sans investissement important.

« Un enjeu pour nos villes, notre santé, nos enfants ».

Témoignage d’Hélène Salzgeber
L’association « les amis des jardins croissillons » est née d’une initiative spontanée pour soigner les framboisiers et cassissiers du parc Chanorier. Plantés par la mairie qui n’avait prévu de budget d’entretien, ceux-ci étaient enherbés et ne donnaient rien. La récolte fut fructueuse et la mairie confia le terrain en demandant de développer le bénévolat pour entretenir la parcelle et accueillir les enfants des écoles. Le jardin est composé de deux parcelles, dont l’une avec des allées élargies permettant d’accueillir les classes des écoles.

Le potager joue un rôle social. Le potager est un lieu qui attire les promeneurs, par exemple les pensionnaires de la Roseraie. C’est intéressant d’observer l’évolution de ce jardin et sa biodiversité croissante. Le jardin est fleuri, il nourrit les abeilles des ruches qui sont installées là. Les enfants sont très intéressés par le potager. Il y a eu une perte de transmission de compétences entre générations et c’est encourageant de constater que les enfants sont actuellement prêts à recréer des compétences pour le jardinage.
L’association cherche des bénévoles plus nombreux pour cultiver le jardin, réaliser les arrosages selon le plan d’arrosage et développer la biodiversité de la parcelle.

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